coût réel arrêts maladie

Arrêt maladie et mal-être de l’employé : un coût bien supérieur à ce qu’on croit

L’arrêt maladie d’un employé coûte cher et impacte l’entreprise, bien au-delà de l’aspect financier. Organisation, remplacement, charge de travail, moral des troupes… C’est tout un équilibre à reconstruire. À chaque fois.

Les risques pour une entreprise sont réels, car les arrêts maladie vont bien au-delà des grippes et des entorses. Un arrêt maladie sur 15 est lié à l’un de ces motifs : fatigue extrême au travail, manque de reconnaissance ou situation conflictuelle dans l’entreprise (2019, source Statista). 

Ajoutez à cela, tous les arrêts maladie en lien avec les problèmes personnels. Si le salarié se sent bien au travail, il aura besoin de venir ; dans le cas contraire, il restera chez lui.

Les arrêts de travail en lien avec le mal-être du salarié, sont particulièrement impactants. Ils durent souvent plus de 15 jours et sont prolongés plusieurs fois. On parle alors d’arrêt maladie de longue durée.

Combien coûte réellement un arrêt maladie ? L’employeur peut-il agir à son niveau pour les limiter et gagner en rentabilité ?

Le coût financier des arrêts maladie

Une note plutôt salée

Afin de maintenir son niveau de vie, un employé en arrêt de travail continue de percevoir tout ou partie de son salaire. La loi prévoit une indemnité journalière versée par la Sécurité Sociale (IJSS), complétée par l’employeur, généralement après 3 jours de carence.

Pendant la période d’arrêt de travail, l’entreprise assume deux types de dépenses :

  • le complément des indemnités : généralement 40 à 50 % du salaire (donc moins que le salaire complet) ;
  • le salaire d’un intérimaire : souvent plus élevé.

Cependant, un chef d’entreprise expérimenté sait inclure dans son budget prévisionnel la prise en compte de ces aléas de la vie. Personne n’est à l’abri d’un virus hivernal, d’un accident ou du décès d’un proche.

Les arrêts de travail classiques, prévisibles et anticipés ne posent donc pas de réel problème à l’entreprise. Par contre, lorsqu’ils commencent à être nombreux, répétés, qu’ils dépassent une semaine et qu’ils sont régulièrement prolongés, l’impact financier peut considérablement augmenter.

La baisse de rentabilité au sein de l’entreprise

Un salarié formé à son poste apporte de la plus-value pour l’entreprise. Il génère du chiffre d’affaires, il fait gagner de l’argent à la société et donc à son patron. Un employé absent coûte de l’argent alors qu’il ne produit rien. Le coût réel est donc supérieur à la seule valeur des indemnités et du salaire intérimaire.

Bien sûr, personne n’est irremplaçable. Si quelques postes peuvent être suppléés au pied levé ou fermés pendant une journée, pour d’autres, c’est un véritable remaniement logistique qui doit être opéré.

Quelles sont les options possibles, face à un arrêt de travail ?

  • un intérimaire est embauché ;
  • les autres employés se répartissent la charge de travail ;
  • les tâches de la personne en arrêt sont mis en suspens ;
  • certaines commandes sont refusées, puisqu’il manque du personnel.

Dans tous les cas, c’est l’ensemble d’une équipe qui est impactée. Forcément, l’efficacité baisse et, avec elle, la productivité et la rentabilité.

Le coût logistique d’un arrêt de travail

Gérer les absences prend du temps

À l’annonce d’un arrêt de travail, le manager doit prendre des décisions rapidement pour permettre à l’entreprise de fonctionner, du mieux possible. Il prend en compte les qualités requises pour le poste : comment réaliser les missions programmées, lesquelles passer en priorité. 

La durée prévue de l’arrêt de travail est une information importante, mais elle n’est pas toujours connue. On ne gère pas un congé maternité de trois mois, comme un arrêt d’une semaine, potentiellement prolongé.

S’il faut recruter un employé temporairement, cela peut prendre du temps, à la fois pour trouver quelqu’un de disponible, mais aussi pour le former à son poste.

Toutes ces incertitudes plongent le responsable dans une situation complexe à gérer. Cela devient même énergivore et chronophage, si la situation se répète souvent.

Lorsque l’arrêt maladie provient d’un mal-être de l’employé, on ne sait pas quand il va revenir travailler, ni s’il va pouvoir/vouloir réellement reprendre son poste. L’incertitude augmente, les problèmes logistiques également. 

Les conséquences sur la charge mentale et l’ambiance de travail

Lorsqu’un collègue est en arrêt de travail, passées les premières inquiétudes, on lui en veut un peu. Ceux qui répondent à l’appel vont avoir peut-être plus de travail, des heures supplémentaires imprévues à effectuer. Ils vont certainement devoir remanier leurs tâches, pour les prioriser. Les plus expérimentés vont prendre en charge certaines missions, qui ne peuvent pas être déléguées à un intérimaire.

Puis, lorsque l’employé en arrêt maladie reprend son service, l’accueil peut être un peu tendu. Ses collègues se disent qu’il s’est bien reposé, et heureusement, car il y du travail en retard ! Le salarié, mal à l’aise, et pas vraiment remis de son mal-être, reste deux jours et craque.

Le cercle vicieux est lancé. Un salarié en arrêt maladie pour mal-être, fatigue extrême ou dépression entraîne la réprobation et la déconsidération dans son entourage de travail. Il devient difficile de revenir travailler sereinement. La réorganisation des tâches pèse sur les autres collaborateurs, qui finissent dans le même état de fatigue. Et les arrêts de travail s’enchaînent.

Les arrêts maladie de longue durée fragilisent l’image de l’entreprise

Si le nombre d’arrêts maladie se multiplie, il est primordial de prendre du recul pour analyser les causes des arrêts. Quoi qu’on en dise, une personne a besoin de se réaliser dans son travail. Elle a à cœur de bien faire, d’être reconnue pour ce qu’elle fait. La majeure partie des gens ne cherchent pas à en faire le moins possible. Non.

De ce fait, l’accumulation des arrêts maladie de longue durée doivent faire réagir le DRH et le chef d’entreprise.

Les employés sont les meilleurs ambassadeurs de leur entreprise. S’ils s’y sentent bien, ils en parleront en bien. Dans le cas contraire, la réputation locale, voire la e-réputation en sera grandement affectée. Avec des conséquences pour le recrutement et envers la clientèle.

La loi et la gestion des risques psycho-sociaux

Chaque entreprise qui embauche plus d’un salarié a l’obligation d’établir un DUERP : un Document unique d’évaluation des risques professionnels. 

L’objectif est d’inciter les employeurs à se pencher sur la qualité de vie au travail (QVT) au sein de leur société. L’intérêt est multiple :

  • le salarié se sent bien dans son milieu professionnel ;
  • l’entreprise limite considérablement ses pertes financières et collatérales, liées les arrêts maladie de longue durée ;
  • l’état, via la Sécurité Sociale, diminue ses dépenses d’indemnisation.

Un nombre anormalement élevé d’arrêts maladie longue durée, alerte l’inspection du travail. L’entreprise risque donc un contrôle. De plus, elle augmente le risque de procédures juridiques et administratives : attaque en procès aux Prud’homme, licenciements, etc.

Le saviez-vous ?

Le mal-être employé fait partie de ce qu’on appelle les risques psycho-sociaux (RPS). La loi oblige l’employeur à évaluer ces RPS via un DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels). En cas de manquement, l’employeur s’expose à une amende forfaitaire de 1500 €. 

Cliquez ici pour en savoir plus sur la rédaction du DUERP.


En bref


Situation Conséquences pour l’entreprise
Dispatcher les tâches provisoirement Surcharge de travail, baisse d’efficacité, détérioration de l’ambiance de travail
Recruter un nouveau collaborateur Temps pour effectuer un bon recrutement, coût (si on délègue le recrutement à une agence), temps pour la formation interne, baisse temporaire de la productivité
Report des tâches du collaborateur absent Baisse temporaire de la productivité, surcharge de travail au retour de l’employé, risque accru de reprise de l’arrêt de travail
Incertitude quant à la durée de l’arrêt maladie Difficulté accrue de gestion efficace du remplacement, coût des compensations de salaires, coût potentiel du départ du salarié, coûts supplémentaires dû à l’intérim et du recrutement à venir
Avoir recours à un intérimaire Temps pour le recruter, temps pour le former, baisse temporaire de la productivité
Multiplication des arrêts maladie de longue duréeDiminution durable de la rentabilité, perte financière, affecte l’ambiance de travail et l’investissement des salariés, discrédite l’image de l’entreprise

On estime qu’un employé payé 1800 € net mensuel coûte 1700 € par semaine d’arrêt de travail. Cette estimation moyenne comprend le complément de salaire, le salaire du remplaçant, les charges supplémentaires liées au recrutement et à la formation du remplaçant, ainsi que le manque à gagner dû à la baisse de rentabilité de l’entreprise.

Lorsqu’il s’agit d’un burn out ou d’un mal-être au travail, l’arrêt a de fortes chances d’être prolongé. Donc les coûts peuvent devenir difficiles à assumer pour l’entreprise.

Que faire pour limiter le risque d’arrêts maladie répétés dans mon entreprise ?

Pour les managers et les chefs d’entreprise, le plus compliqué est de sortir la tête de l’eau. Pris dans l’urgence et cernés par l’énergie négative qui entache l’entreprise, on constate qu’il est souvent très compliqué de se poser les bonnes questions. Celles qui permettraient réellement de rétablir la sérénité et la productivité dans la société.

Voici quelques pistes de réflexion pour prendre du recul.

  • Parfois, le recrutement n’était pas aussi bon qu’on l’espérait → Comment bien recruter aujourd’hui ?
  • Parfois, il s’agit d’un problème plus complexe, lié au management des équipes et la qualité de vie au travail (QVT) → Comment former les managers ?
  • Parfois, un œil extérieur aide à y voir plus clair → Un consultant en entreprise, c’est quoi ?
  • Parfois, il suffit d’un médiateur pour trouver les moyens de fonctionner ensemble, efficacement et durablement, en tenant compte de la conjoncture actuelle → Comment des workshops et un coaching sur mesure peuvent relancer mon entreprise ?

Comments are closed.